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La douleur déclenche-t-elle une crise d'épilepsie ?
Pour répondre à cette question, il est essentiel de comprendre ce qu'est l'épilepsie. Une épilepsie survient lorsque le schéma normal de l'activité neuronale est perturbé (c'est-à-dire que le seuil épileptogène est modifié). Cela implique différentes altérations cellulaires et moléculaires : modification des connexions neuronales (lésions des voies neuronales), signalisation neuronale (altération de la disponibilité des neurotransmetteurs ou des récepteurs de neurotransmetteurs), etc…
Dans la littérature, certains décrivent des facteurs internes (tels que les hormones, les électrolytes, l'état de conscience et la température corporelle) et des facteurs externes (sensoriels ou électriques) qui peuvent réduire le seuil épileptogène et donc déclencher une crise.
Une étude, comprenant plus de 400 patients à qui l'on a demandé de décrire les facteurs déclenchants de leurs dernières crises, a identifié les facteurs déclenchants les plus courants** comme étant l'absence de médicaments (40,9%), le stress émotionnel (31,3%), le manque de sommeil (19,7%), la fatigue (15,3%), les repas manqués (9,1%), la fièvre (6,4%) et le tabagisme (6,4%). Cependant, la douleur a également été signalée comme un facteur déclenchant possible, bien que moins fréquent que les facteurs mentionnés ci-dessus. Étant donné que la douleur est associée à différentes altérations moléculaires (altération de la concentration des neurotransmetteurs) et cellulaires dans le cerveau, il est compréhensible que la douleur puisse être un facteur déclenchant de crise. Je ne voudrais pas demander si le médecin du service de neurologie avait raison de dire qu'il ne s'agissait pas d'une crise d'épilepsie (je n'ai aucune raison de ne pas la croire). La perte de conscience n'est pas toujours due à une crise d'épilepsie. En effet, la **syncope est définie comme une perte de conscience (PC) transitoire et autoterminante d'apparition rapide, de courte durée, combinée à un rétablissement spontané, rapide et complet. La douleur est un facteur déclencheur connu de la syncope vasovagale (un sous-type de syncope réflexe). Le fait que votre EEG n'ait pas montré de signes de crise d'épilepsie (et que votre scanner n'ait pas trouvé d'anomalie structurelle qui pourrait déclencher une crise) suggère en outre une possible syncope vasovagale. Bien sûr, ce commentaire est uniquement basé sur la description que vous avez fournie et ne doit pas être pris pour un “diagnostic final”.
Sources:
Epilepsie. Pubmed Health Library. https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmedhealth/PMHT0023036/
Saisies réflexes et épilepsies réflexes. Chapitre 13. Les épilepsies : Saisies, syndromes et prise en charge. Panayiotopoulos CP. Oxfordshire (Royaume-Uni) : Bladon Medical Publishing ; 2005.
Balamurugan E et al. Perceived trigger factors of seizures in persons with epilepsy. Convulsions. Volume 22, numéro 9, novembre 2013, pages 743-747
Aydin MA et al. Management and therapy of vasovagal syncope : A review. World Journal of Cardiology. 2010;2(10):308-315. doi:10.4330/wjc.v2.i10.308.